Étant enfant, on a tous entendu nos parents faire des déclarations du genre : “ manger une orange ou des agrumes le soir empêche de dormir” ou encore “ Trop de mangues ou de cerises donnent mal au ventre”. Ces informations, on les a ensuite assimilés et peut-être même retransmise à nos enfants, une fois devenu à notre tour parent. Comme moi, tu es surement parti du principe que l’information était vraie, puisqu’elle venant d’une source encore plus fiable que Google… Ta mère.
Si tu ne le savais encore, j’ai le regret de t’annoncer que ta mère, tout comme ton toubib, est humaine et raconte parfois des conneries. Oui, car comme toi, elle n’a pas forcément pris le temps de vérifier l’information avant. Voilà pourquoi on doit TOUT remettre en question de nos jours. Et le secteur des langues n’est pas une exception.
Les idées reçues autour du bilinguisme, je peux te dire qu’elles sont nombreuses. Mais une en particulier était plus ancrée en moi que les autres.
“ Ma fille, bilingue, tardera à user de la parole”... J’en étais si convaincu que durant ma grossesse, je préparais mon mari psychologiquement à ne pas s’inquiéter de ce retard. Autant te dire que j’ai eu l’air maligne quand cette petite s’est mise à parler plus tôt que la plupart de ses homologues monolingues. Une vraie pipelette, et ça en français comme en allemand.
Alors d’où venant cette idée folle qui m’avait stressé pendant des mois ? Ma fille était-elle une exception ? Un petit enfant prodige ? Il faut dire que ça sonnait pas mal dans mes oreilles de maman, mais la réalité était bien plus simple. J’avais tout simplement assimilé cette croyance populaire et j’étais convaincue de sa véracité. Bah oui, si même certains professionnels de santé, conseille aux parents d’éviter d’apprendre trop de langues en même temps aux enfants, c’est qu’il y a forcément une raison scientifique à cela ?
Spoiler alert: Il n’y en a pas. Alors pourquoi des professionnels conseillent-ils encore de telles pratiques ?
D’après mes recherches, jusqu’aux années soixante, le bilinguisme a été considéré comme un handicap qui ralentit le développement de l'enfant en l'obligeant à dépenser trop d'énergie pour faire la distinction entre les langues. Un point de vue basé en grande partie sur des études erronées. Il n’empêche que les répercussions de ses recherches se font encore ressentir aujourd’hui, car bien trop ancrée dans les consciences populaires, et donc, par extension, dans la conscience de certains professionnels de santé.
Pourtant, durant la dernière décennie, des universités prestigieuses telles que Cambridge ou encore l’université de Genève ont mené des études qui réfutent toute la connotation négative du bilinguisme. En remarquant, au contraire, ses impacts positifs sur des enfants bilingues dit “normaux” mais en incluant aussi les enfants atteint de troubles langagiers, développementaux ou neurodévelopmentaux.
Par exemple, l’étude intitulé “Le bilinguisme aide les enfants autistes” menée par l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec les universités de Thessalie et de Cambridge, démontre que le bilinguisme aurait un impact positif exactement là où les enfants autistes rencontrent des difficultés. En effet, le bilinguisme requiert de l’enfant qu’il travaille les capacités liées à la théorie de l’esprit, autrement dit la compréhension des croyances, des émotions, des intentions et des désirs d’autrui. Se soucier de l’autre devient ici essentiel à la communication, car il doit savoir quelle langue son interlocuteur parle, choisir dans quelle langue s’adresser, etc. C’est une véritable séance de gymnastique qui a lieu dans le cerveau de l’enfant qui, à long terme, l’aide à atténuer les déficits liés à son trouble.
Je suis ensuite tombée sur un article publié par le National library of Medicine, intulé: “Bilingualism in the Early Years: What the Science Says”.
Cet article a été pour moi une vraie révélation, car il avait pour objectif d’apporter des réponses scientifiques aux questions les plus communément poser par les parents d’enfants bilingues, et de combattre les mythes donnant une mauvaise image à l’éducation bilingue.
Tu ne seras donc pas surpris d’apprendre que cet article réfutait l’idée qu’un enfant bilingue ait plus de retard langagier ou d’apprentissage qu’un enfant monolingue.
En effet, cette idée viendrait du fait que les enfants bilingues connaissent moins de mots dans chacune des langues parlées, mais cette différence devient inexistante quand on fait le total du vocabulaire de l’enfant dans les deux langues.
Si après avoir lu cet article, tu doutes encore des informations que je t’y apporte, c’est génial, on est sur la bonne voie. Je t’invite à consulter les liens que j’ai postés, partagés cet article avec d’autres parents, et me dire en commentaires si j’ai moi-même à mon tour raconter des conneries haha.
Hâte de te lire
Lanmou,
Kéké
Autres sources qui pourraient t'intéresser :
The benefits of a bilingual brain - Mia Nacamulli - YouTube
C'est intéressant parce que j'avais la même pensée sur le retard de développement du langage. Et puis, dans la même semaine, je lis ton article puis un post de l'application Baby+ et je participe à une réunion pour jeunes parents. Trois fois, cette idée de retard du langage est stoppée nette. Donc merci 💛